Hostilité du président de Lille II au processus de regroupement

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AEF.info

 

Dépêche n°169752
Lille, mercredi 18 juillet 2012, 17:47:15


Université unique à Lille : « Lille-II ne rejoindra pas le processus, même si l'on nous montre du doigt » (Xavier Vandendriessche)

·                                 Dossier 


·                                 Contact : Université Lille-II Droit et Santé, Virginie Lapierre, responsable du service communication, 03 20 96 43 35, virginie.lapierre@univ-lille2.fr

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·                                 Cette dépêche fait partie du dossier : Évolution des PRES en régions

 


Xavier Vandendriessche, président de Lille-II Droit et Santé. © D.R

« Je suis toujours hostile, pour des raisons de fond et pour des raisons de forme [au processus de regroupement des universités lilloises], tout comme mon équipe : Lille-II ne rejoindra pas ce processus, c'est clair, même si l'on nous montre du doigt », indique à AEF, mardi 17 juillet 2012, son président, Xavier Vandendriessche. « Nous devons travailler sur des dossiers concrets au lieu de perdre notre temps sur ces questions de fusion, qui sont stériles et chronophages », ajoute-t-il. Cette prise de position tranche avec la volonté exprimée par les présidents de Lille-I et de Lille-III de relancer la réflexion sur une université unique à Lille (AEF n°169128). Xavier Vandendriessche affiche sa préférence pour le périmètre régional et « n'aime pas cette idée d'une hiérarchie entre le centre et la périphérie ». « La localisation géographique n'est pas un critère de qualité », ajoute-t-il.

AEF : Votre position sur le projet d'université de Lille a-t-elle évolué depuis votre prise de fonction (AEF n°166639) ?

Xavier Vandendriessche : Je constate qu'il y a un activisme renouvelé autour de ce projet : Philippe Rollet [président de Lille-I] relance le processus. J'y suis toujours hostile pour des raisons de fond et pour des raisons de forme, tout comme mon équipe : Lille-II ne rejoindra pas ce processus, c'est clair, même si l'on nous montre du doigt. Je le suis encore plus lorsque j'observe la démarche qui est retenue : privilégier l'approche institutionnelle a pour effet pervers immédiat d'oublier la démarche projet. Tant qu'on discute de la structuration, on ne discute pas des questions de fond. Celles-ci sont simples : quel master innovant mettre en place ? Quelle politique pour développer le doctorat ? Que faire pour voir émerger de nouvelles thématiques de recherche ? etc. Je suis convaincu, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, que le périmètre régional est le plus approprié pour y répondre. Le schéma régional de l'enseignement supérieur et de la recherche que prépare Sandrine Rousseau [vice-présidente du conseil régional, AEF n°167365] prend d'ailleurs en compte les défis auxquels nous sommes confrontés.

AEF : Se poser la question de la structure est aussi une façon d'aborder les projets à mener en commun…

Xavier Vandendriessche : La démarche institutionnelle de regroupement des universités est incroyablement complexe à mener. Il faut se poser la question des ressources humaines : comment harmoniser les politiques de nos trois universités ? Il faut aussi aborder la question des finances. C'est un travail colossal. Pourquoi gâcher une telle énergie ? À quoi ça sert ? Pour l'étudiant, la constitution d'un mastodonte de 60 000 ou 70 000 étudiants ne changera rien. Au contraire, le temps que nos collègues devront passer à se mettre d'accord sur la constitution de collèges thématiques, au sein d'une université qui offrira de toute façon les mêmes formations qu'aujourd'hui, sera du temps perdu pour l'exercice de leurs missions. Pire : cette démarche conduirait à rejeter nos collègues non lillois, alors que le défi est régional. Je ne vois pas ce qui pourrait justifier aujourd'hui ce repli frileux sur Lille.

AEF : En quoi le périmètre régional est-il plus approprié ?

Xavier Vandendriessche : D'abord pour une raison symbolique. J'ai été heurté par le passage du dossier idex 1 [présenté par les six universités dans le cadre du PRES régional, (AEF n°143663)] au dossier idex 2 [présenté par Lille-I, Lille-II, Lille-III, (AEF n°155499)] : les trois universités non métropolitaines ont été repoussées au ban de la région. Le message envoyé était extrêmement décevant et contestable. Je n'aime pas cette idée d'une hiérarchie entre le centre et la périphérie : nous devons nous respecter mutuellement. Les universités du Littoral, de l'Artois et de Valenciennes ont toute légitimité pour exercer les missions d'enseignement supérieur et de recherche. La localisation géographique n'est pas un critère de qualité. D'ailleurs, la carte des implantations universitaires ne changera pas : mettons-la au service d'une politique intelligente d'accès à l'enseignement supérieur, puisque cette région a une appétence moins poussée qu'ailleurs pour les études supérieures et les études longues.

Nous avons pour étendard commun le PRES. Les six universités de la région doivent être au cœur de la démarche et nouer des coopérations intelligentes, y compris avec des partenaires privés comme la Catho ou l'Institut Pasteur et avec des établissements comme le CHRU de Lille. Je pense d'ailleurs que le cadre régional va très vite paraître exigu : il faudra aussi travailler avec l'euro région, avec le Kent, la Belgique, et avec les universités de Picardie et de Champagne-Ardenne. Je vais faire des propositions de fond dans les prochaines semaines. Nous pouvons imaginer de nouvelles formations mais aussi de nouvelles structures fédératives de recherche. Nous pouvons gérer en commun nos systèmes d'information au niveau régional, ce qui permettrait de réaliser des économies importantes. Nous devons aussi établir une cartographie commune des licences et des masters et mettre plus de moyens sur le doctorat. Nous savons ce que nous devons faire.

 

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