Grand Emprunt, IdEx, LabEx… et compagnie
Rappel : le Grand Emprunt (encore appelé Investissements d’Avenir), annoncé en 2009, à hauteur de 35 milliards d’Euros, concerne l’Université et la Recherche mais pas seulement puisque son objectif annoncé est de favoriser l’innovation et de dynamiser notre pays - et en avant tout son économie -. L’industrie, le développement durable, le numérique en général sont également concernés.
Pour ce qui touche à l’Université de Bordeaux, l’opération a été orchestrée par le PRES, essentiellement à travers un Comité technique composé des présidents des Universités, des directeurs des EPST (CNRS, INSERM, INRA, ex CEMAGREF, INRIA…) et des référents Grand Emprunt nommés par les Universités. Les responsables de laboratoires présentant des projets ont été conviés à certaines réunions en particulier pour expliciter les projets de Labex (Laboratoires d’Excellence) ou d’initiatives innovantes.
Dans la première vague de l’opération (deux vagues sont prévues), Bordeaux s’est relativement distingué puisque cinq LabEx sur les neuf présentés ont été validés et donc dotés, et que notre projet d’IdEx (Initiative d’Excellence – projet global de site -) a fait partie des trois premiers retenus (avec Paris et Strasbourg). Par ailleurs d’autres tranches d’appels d’offre du Grand Emprunt concernent l’Université et la Recherche : 1-EquipEx , Instituts Carnot ,2-Cohortes , 3-SATT , 4-IHU ,5-IRT ,6-IEED … Bordeaux a pour l’instant obtenu onze EquipEx (aucun n’avait été présenté en SHS) et une SATT (voir dans Sud-Ouest, la polémique soulevée par le Conseil Régional d’Aquitaine exclu de l’opération et qui était pourtant moteur d’Aquitaine Valo, préfiguration de cette SATT !).
Les sommes obtenues aux différents niveaux sont toujours inférieures à celles demandées mais n’en demeurent pas moins conséquentes. Ainsi l’IdEx obtient 700 millions d’Euros (sur 954 demandés), somme à relativiser puisque seuls les intérêts du capital sont utilisables soit environ 25 millions d’Euros par an. Les LabEx ont leur propre dotation.
LASCARBX (Archéologie), est le seul LabEx rattaché à Bordeaux 3. Mais notre Université est présente à d’autres niveaux. Ainsi le projet Digital Humanities validé comme Initiative Innovante de l’IdEx est porté par le laboratoire MICA (Médiations, Information, Communication, Arts) et s’y rattachent d’autres laboratoires de Bordeaux 3 comme l’UMR ADES (Aménagement, Développement, Environnement, Santé) ou TELEM (Textes, littératures : écritures et modèles), aux côtés du LABRI (Informatique) ou de l’Ecole de Cognitique (sans compter les partenaires tels que l’IUFM, Cap Sciences ou d’autres hors Université).
SPH (Sciences, Philosophie, Humanités) fait partie d’un LabEx retenu (LaPhia).
ADES était également présent dans un projet de LabEx (METISS) qui a été rejeté au niveau national mais qui devrait être réintégré via l’IdEx après quelques modifications.
La dernière étape en date du Grand Emprunt est en cours, elle correspond à l’appel intitulé IDEFI (Initiatives d’Excellence en Formations Innovantes) lancé fin 2011. Bordeaux 3 devrait y participer.
Cette implication dans le Grand Emprunt a été l’occasion d’un dialogue constructif entre les différentes universités de la place (voire d’autres Universités ailleurs en France puisque pour différents projets couronnés de succès ou pas, cela a été le cas). De la même manière avec les EPST. Elle a permis une meilleure connaissance réciproque des uns et des autres et s’est effectuée dans une ambiance de respect mutuel.
Elle comporte cependant un certain nombre de risques que nous ne méconnaissons pas et pour lesquels nous avons pris un certain nombre de précautions. Si l’Etat s’engage à travers les différentes catégories de projets à assurer à ces derniers une certaine pérennité de ressources, cela ne se fait que contre des engagements réciproques des établissements et des autres partenaires. Ces promesses correspondent, en particulier, à une dotation en personnel des projets. Pour ce qui concerne Bordeaux 3, et alors que le PRES avait envisagé de réserver à ces projets jusqu’à 40 % des postes d’enseignants-chercheurs arrivant à renouvellement, notre Université ne s’est engagée qu’à hauteur de 10 %, c’est à dire à un niveau n’obligeant pas à préempter des postes sur les disciplines non concernées par l’IdEx. Cette résistance est à mettre en perspective avec le risque d’une Université unique où les effectifs seraient de fait globalisés.
Enfin, on peut considérer que le bénéfice tiré de l’IdEx par l’Université de Bordeaux n’est pas aussi conséquent qu’il aurait pu apparaître du premier abord puisqu’on peut le chiffrer à environ 5 % de ressources nouvelles. Il faut donc espérer que la dynamique créée permettra de trouver des ressources supplémentaires.
D ‘une manière générale, la question de l’IdEx ne peut être distinguée de celle de l’Université de Bordeaux puisque le document soumis au Ministère évoque le transfert de la supervision de l’IdEx du PRES à la structure qui sera alors mise en place. Là aussi, notre Université a pris les précautions qui s’imposaient puisqu’il est déjà acté que Bordeaux 3 (ou l’établissement qui lui succèderait) resterait liée à une éventuelle NUB par convention pour continuer à bénéficier des apports des Initiatives d’Avenir, dans des conditions acceptables.
IdEx, NUB, même combat ? Des réticences se manifestent déjà sur le mode de gouvernance (Conseil de gestion et Bureau exécutif) choisi pour l’IdEx (réaction de plusieurs EPST lors du dernier Comité Technique).
1- Equipement d’Excellence (gros matériel de recherche – excédant le coût de 1 million d’Euros) qui mêlent le monde de la recherche publique et le monde socio-économique
2- Une cohorte consiste à suivre pendant plusieurs années ou plusieurs décennies une population de sujets, sains ou malades, afin d’étudier sur le long terme de nombreux déterminants de la santé et leurs interactions avec les facteurs génétiques et environnementaux.
3- Société d’Accélération du Transfert de Technologies
4- Institut Hospitalo-Universitaire
5- Institut de Recherche Technologique
6- Institut d'Excellence en matière d'Energies Décarbonées