De la « gouvernance »

Publié le par bordeaux3partages

La loi LRU (« Liberté et Responsabilité des Universités ») d’août 2007 porte en elle les germes d’une gestion « managériale » de l’université, d’une certaine présidentialisation du pouvoir, en rupture avec la collégialité et la transparence dans la prise de décision.

Pêle-mêle, on suggère ou on déclare, ici et là, que le conseil scientifique et le CEVU ont été assujettis à un CA devenu omnipotent, que des décisions ont été prises dans l’opacité, par un nombre restreint de décideurs concentrant le pouvoir, et parfois, caricature suprême, que l’autorité administrative aurait pris le pas dans notre université sur l’autorité politique. C’est faire injure à l’une et à l’autre. Mais qui peut croire que l’équipe présidentielle en place depuis 2009 s’est laissé entraîner sur cette pente ? Car ce sont les élus qui donnent la direction politique ; la responsabilité politique incombe aujourd’hui et incombera demain aux élus, c’est-à-dire à l’équipe présidentielle et aux conseils de l’université.

On lit, ici et là, qu’il faudrait créer les conditions d’un véritable fonctionnement démocratique en concevant des « garde-fous » (sic) à la toute puissance du président et de son équipe, en séparant clairement la décision politique et le pilotage administratif, en instituant un droit de réponse et un devoir de rendre compte, en pensant un système de pouvoirs et de contre-pouvoirs, en concevant des espaces d’expression de la démocratie directe…

Les simplifications qui fondent ces jugements ne résistent pas à une analyse sérieuse quant à la façon dont s’est opérée la prise de décision dans notre établissement ces dernières années. Mais nous les prenons comme une invitation à faire davantage et mieux, à plusieurs endroits, en matière de « gouvernance ».

La collégialité constitue le principe de base de l’organisation politique de l’université. C’est un principe exigeant. Chacun doit pouvoir exprimer son opinion sur les questions posées à l’université et être informé des choix faits pas elle.

Améliorer le fonctionnement des conseils centraux
 
Les conseils centraux ont pu être conduits à délibérer sur des propositions présentées dans une urgence ne permettant pas toujours, pour cause de délai suffisant, leur appropriation par les élus. Aussi, nous proposons d’établir dans la transmission des documents avant leur examen par les conseils un délai minimal de cinq jours francs, ce qui signifie que l’on renonce à l’envoi hors délai d’additifs à l’ordre du jour des conseils, et plus encore à une communication en séance des pièces à délibérer, sauf approbation du conseil suite à un vote.

Les questions délibérées par le CA étant préalablement soumises au CEVU ou au CS (sinon aux deux conseils) pour avis et vœux, ces conseils devront se réunir au moins douze jours avant le CA.  A défaut de quorum, nos statuts prévoient que «  le Président convoque une nouvelle réunion du conseil, avec le même ordre du jour, dans un délai de cinq jours francs. Dans ce cas, le quorum n’est plus nécessaire ». Appliquons donc nos statuts.

L’articulation des conseils entre eux est une question complexe. Le CA est l’organe délibératif de l’université. Certes, il doit prendre en compte l’expertise de chaque conseil (CS et CEVU) et du Comité technique (CT). S’il n’a pas vocation à ré examiner dans le détail tous les dossiers sur lesquels avis a été rendu, il n’est pas non plus une chambre d’enregistrement. Il appartient au président de l’université et aux vice-présidents, en préalable à tout débat, d’expliciter devant le CA les avis qui ont été exprimés au CS, au CEVU et au CT puis de rendre compte à ceux-ci de la décision du CA dès lors qu’elle n’aura pas été conforme aux vœux adoptés par eux .

L’assemblée des trois conseils sera réunie, en une sorte de congrès, au moins deux fois l’an, en début et en fin d’année universitaire dans le cadre d’un débat sur la situation générale de l’université et sur les orientations générales de la politique de l’établissement. Dans le cas où ce débat donnerait lieu à un vote exploratoire, il en serait fait mention sur la convocation à l’assemblée.

Certaines dispositions énumérées ci-dessus devront prendre valeur réglementaire. Les statuts de l’université seront révisés en conséquence.

Nos statuts  actuels organisent l’existence de commissions :
-commission des moyens
-commission de la pédagogie
-commission des stages et de l’insertion professionnelle
-commission de la recherche
-commission de la vie étudiante et associative
-commission des relations internationales
Elles doivent être davantage associées à la préparation des délibérations.

L’articulation UFR-départements-sections

La question de la « gouvernance » ne s’arrête pas à la porte des conseils centraux. Entre l’équipe présidentielle et les composantes, divers cadres d’échange et de dialogue ont été créés ces trois dernières années comme la Conférence des directeurs de recherche qui est venue s’ajouter à la Conférence des directeurs d’UFR.

Par ailleurs, il apparaît qu’après un peu plus d’un an d’expérience, des infléchissements à la réforme interne s’avèrent nécessaires au plan de l’organisation politique des UFR. En particulier, il convient d’accroître la place et le rôle des départements et des sections et de mieux délimiter les périmètres d’action et décision de ceux-ci par rapport aux équipes de formation (licence, master). Tout ceci passe par  une réforme des statuts des UFR :

1) pour  instaurer le principe de l’élection d’un conseil de département (comprenant des représentants enseignants et étudiants élus, et le ou les référents biatos du département, non élus, car chaque département aura ses référents). Ce conseil laissera subsister à côté de lui l’assemblée générale de département dont il faudra préciser la périodicité minimale des réunions ;

2) pour élargir ce conseil de département aux responsables des sections et des équipes de formation ;

3) afin de rendre mensuelle la réunion du bureau de l’UFR (actuellement fixée dans l’article 3 des statuts à « au moins trois fois par an ») dans lequel les directeurs de départements siègent. L’ordre du jour du conseil d’UFR sera discuté et arrêté en bureau;

4) pour garantir la représentation de tous les départements au sein des commissions de l’UFR;

5) afin d’y inscrire le principe de l’élection par les étudiants  de l’UFR d’un directeur adjoint étudiant.


Reconnaître l’engagement étudiant

Nos statuts disent aussi qu’il faut « prendre en compte l’engagement des élus étudiants dans les trois conseils centraux  dans l’organisation de leur cursus et l’obtention de leur diplôme ». Cette prescription – c’est même plus que cela- est demeurée à ce jour lettre morte, comme un vœu pieux. Nous donnerons à l’engagement des étudiants dans les conseils la reconnaissance qu’elle mérite, qu’il s’agisse des conseils centraux et des conseils d’UFR.
 
Enfin, nos statuts stipulent encore que le vice-président étudiant peut être assisté dans sa tâche par des chargés de mission étudiants (deux au maximum), les chargés de mission étudiants étant nommés par le Président sur proposition du vice-président étudiant. Autant que de besoin, pour des missions précises, délimitées dans le temps, nous aurons recours à cette disposition statutaire.


Formation des élus, information de tous

Notre communauté a été quelque peu malmenée ces derniers temps par le train de réformes que nous avons subies ou celles que nous avons nous-mêmes engagées. Chacun a pu s’interroger sur le sens de ce qu’il faisait.  Précisément, la question est celle du sens. La réponse est non seulement dans la décision co-construite mais également dans l’information partagée, l’une n’allant pas sans l’autre.

La technicité croissante des questions débattues dans les conseils rend chaque jour davantage nécessaire la formation des élus. Une formation aux questions financières et budgétaires sera proposée aux élus du conseil d’administration.
 
En plus des relevés de conclusions des conseils affichés sur le site, il conviendra de mettre en ligne les procès-verbaux des séances des conseils dès lors qu’ils auront été approuvés.

Le service de la communication devra être renforcé ; un chargé de mission à la communication sera nommé. Le site web de l’université, qui abritera les sites des UFR et des équipes de recherche, sera l’objet d’un soin plus attentif notamment pour tout ce qui concerne les mises à jour, l’annonce des événements de la vie universitaire qu’il s’agisse de recherche ou de manifestations culturelles et associatives. Comme il existe aujourd’hui un point « accueil général » de l’université, un kiosque ou point « informations générales » sera créé. Chacun pourra y trouver sous une forme matérialisée et dématérialisée tous les éléments relatifs à l’établissement, tous les renseignements et toutes les données recherchées : rendre l’information accessible à tous est la définition-même de sa démocratisation.

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J
Bonjour à tous les membres du groupe Partages et à tous les membres de notre communauté, lecteurs de ce blog.<br /> <br /> Je vous propose un commentaire de l'article "gouvernance" à défaut de pouvoir le faire sur l'article "intox/désintox : la cagnotte" puisqu'il a été choisi de rendre cela impossible. 4 points précis<br /> de commentaires sur ce que seul Jean-Paul Jourdan appelle "cagnotte", personne d'autre n'ayant encore utilisé ce mot désuet. Il faut tout simplement parler de "recettes supplémentaires" à inscrire<br /> aux chapitres 74110, 74112 et 74113 des recettes du budget 2012 de notre établissement, voté en CA le 16 décembre 2011, et revoir en parallèle les chapitres dépenses que l'établissement choisit de<br /> modifier.<br /> <br /> 1/ Le président a confirmé hier en CEVU que les 175.000 euros supplémentaires de la DGF constituaient bien de l'"argent frais" supplémentaire imprévu mais qu'il y avait d'autres priorités pour<br /> l'établissement que l'offre de formation.<br /> De ces priorités, quand en débat-on ? Après les élections ? Il faut que je lance un pavé dans la mare pour que l'info (et non l'intox !) sorte...<br /> <br /> 2/ Lorsque l'on ne veut pas se poser de question sur la meilleure manière d'utiliser des fonds disponibles, on dit : "on doit attendre de vérifier les comptes" ; Lorsque l'on ne veut pas se poser<br /> de question sur l'utilité ou l'inutilité de couper encore dans l'offre de formation, on dit : "on ne peut pas attendre de vérifier les comptes, il faut couper". Comprenne qui pourra. La réalité que<br /> l'on a, flagrante, sous les yeux : les comptes, celui qui les tient, en fait ce qu'il veut. Est-ce comme cela que l'équipe présidentielle voulait gouverner au matin du 1er avril 2009 ?<br /> Souvenez-vous. Souvenons-nous.<br /> <br /> 3/ Il va de soi que l'annonce officielle de notre DGF, à quelques mois des élections présidentielles nationales, ne sera plus revue à la baisse. Inutile de faire le coup du "ce n'est qu'une<br /> annonce, on attend la notification." Et si jamais une partie de ces 175.000 euros devait être reversée à l'EGID désormais intégrée dans l'IPB (c'est cela qu'il faut prendre le temps de vérifier,<br /> explique le président : soit !), elle n'en représenterait qu'une faible fraction.<br /> <br /> 4/ En piètre gestionnaire, mal conseillée et incapable d'anticiper budgétairement quoi que ce soit d'un peu stabilisant dans le cadre si périlleux des RCE (rien à voir avec ce que l'on a choisi de<br /> nous vendre en 2010 en accueillant le président de l'université de La Rochelle !), l'équipe présidentielle ne se rend pas compte que les derniers milliers d'heures prélevés sur l'offre de formation<br /> sont les attaques les plus préjudiciables. Plus on continue de charcuter les maquettes, plus on arrive à l'os. Les économies imaginées dans cette dernière opération - aussi grossièrement tactique<br /> que prétendument financière - sont plus nocives que jamais : à force de mutualiser, à force de demander aux responsables de formation de faire des acrobaties, les maquettes deviennent ingérables<br /> tant pour les enseignants que pour les personnels administratifs. Mais ça, l'équipe présidentielle ne le voit pas, ne veut pas le voir. La vice-présidente déléguée aux formations, candidate à la<br /> vice-présidence du CEVU, le répétait à l'envie avant que je démissionne fin avril 2011 : "il faut arrêter de couper, ce n'est plus possible, je ne peux plus". Déjà. Mais, depuis, elle continue.<br /> Faisant ce qu'on lui demande. Politiquement, ce qui compte, c'est "réduire l'offre de formation", comme une obsession. Alors on réduit encore. Même quand ce n'est plus budgétairement nécessaire. Y<br /> compris pour 2013 que je n'oublie pas. Je sais bien qu'il est commode de me faire passer pour un hurluberlu. Je crois pourtant, en position de VP CEVU, n'avoir jamais été un illuminé, inconscient<br /> des réalités budgétaires, financières et politiques. J'ai simplement une autre vision stratégique pour notre université. Il serait trop facile de réduire le débat d'idées à une rivalité de<br /> personnes. C'est précisément quand on ne veut pas de débats d'idées que l'on tente de discréditer son interlocuteur en l'accusant d'être porté par des rivalités individuelles.<br /> <br /> Et personne ne dit rien. Silence. On sert les rangs. On fait n'importe quoi, mais ça ne fait rien. Ne rien dire. Surtout. Critiquer "Partages", ce serait prendre le risque de favoriser la liste<br /> concurrente ! Mais ne rien dire, à votre avis, c'est quoi ?<br /> <br /> Cordialement,<br /> Avec toute mon énergie et ma liberté de penser et d'agir,<br /> <br /> Jean-Yves Coquelin
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