Recherche – Bilan et Perspectives

Publié le par bordeaux3partages

Principes


1/ La politique de la recherche ne doit pas être décrétée par en haut mais doit venir des chercheurs eux-mêmes. Ce sont eux qui produisent le savoir, rectifient d’anciennes problématiques, en forgent de nouvelles. Les équipes elles-mêmes, si elles ont leur propre unité et densité, tirent leur identité et leur vitalité des chercheurs qu’elles abritent et des moyens qu’elles mettent à leur disposition. Réciproquement, l’université doit elle-même valoir comme une caisse de résonnance et d’amplification de la recherche en acte : elle ne doit pas se substituer à elle mais la faciliter et l’organiser à l’intérieur afin de la rendre plus visible à l’extérieur.
2/ La politique de la recherche crée l’une des facettes de l’identité de Bordeaux3. Ceci suppose de veiller à chaque équipe qui en constitue une dimension et aussi de construire les conditions d’une politique propre à Bordeaux3.
3/ L’évaluation ne peut être le dernier mot de la politique de la recherche, ni même le premier. Si elle est devenue aujourd’hui une réalité (Aeres…) intervenant directement dans ses financements, nous devons la transcender au service d’une « politique de la vérité » qui a sa propre fin en elle-même.
4/ L’actuelle offre de nos équipes de recherches est très variée. Il faut veiller à préserver cette diversité tant sur le plan financier que sur le plan de la représentativité interne des logiques de recherche dans notre université que sur le plan enfin de leur visibilité externe.

Bilan


1/ Bilan général


La politique de la recherche dans notre université, dans la période d’exercice de l’actuelle équipe présidentielle,  a été marquée par l’accomplissement de grands changements. Ceux-ci procèdent d’une volonté politique. Nombre de ces changements étaient annoncés dans le programme de la liste « Par » (journées de la recherche, visibilité donnant lieu à des axes prioritaires, restructuration du service de la recherche, par exemple). Une  telle volonté politique ne peut être isolée d’un contexte dont elle dépend évidemment. Sa force est de ne pas se situer en une pure dépendance d’un contexte subi (fin des crédits fléchés et passage à la dotation globale, prise en compte du nombre « produisants » dans le calcul de la dotation générale de fonctionnement),  mais de se porter vers une exigence de qualité qui protège la singularité des unités de recherches et de chaque enseignant chercheur. La politique interne de la recherche devait aussi se penser dans une relation au site bordelais et aquitain. A ce sujet, il faut rappeler que l’équipe présidentielle sortante a hérité de dossiers à mince épaisseur et d’une réputation peu favorable.
Enracinée dans les champs scientifiques des arts, lettres, langues et sciences humaines et sociales, l’université Michel de Montaigne Bordeaux 3 (avec 13 unités de recherche sur 15 (classées en A et A+) bénéficie d’un potentiel scientifique de qualité. L’ambition de la politique scientifique, entre 2009 et 2012, a été de marquer l’identité de l’université en affirmant ses différences et ses spécificités. Le principal objectif a été de  structurer les activités scientifiques et de renforcer ainsi la place de Bordeaux 3 dans le paysage régional, national et international.


2/ Ce qui a changé

-    Une restructuration du service de la recherche devenue une Direction de la recherche. Derrière le changement de vocabulaire, il faut comprendre que s’est accomplie une mutation réelle de la vie en interne de ce service et un changement radical de ses relations avec les enseignants-chercheurs et les unités de recherche. Naguère une information sur les thèses soutenues et les colloques. Aujourd’hui une veille digne de ce nom, une information régulière par voie électronique des appels d’offre, des réunions, des mails aux directeurs d’unité et à « tous enseignants ». Aujourd’hui aussi une assistance à l’ingénierie de projet.
Ce changement se matérialise par des progrès quantifiables : l’augmentation du préciput et une hausse de la dotation de la Région dans le cadre de ses appels à projets depuis 2009.
-    Un passage de la logique  de saupoudrage du BQR (répartition de petites sommes) aux PSE (projets scientifiques d’établissement : permettant une dotation significative pour des projets ambitieux). La régulation de ces PSE a fait l’objet de concertations nombreuses et régulières,  impliquant la conférence des directeurs d’unités de recherche réunie une fois par mois, la commission de la recherche et le conseil scientifique pour une vision et des décisions budgétaires collectivement décidées.
-    Un usage du préciput  venu de l’ANR (que  la précédente équipe s’était contentée de thésauriser). Une décision dans cet usage : 30% du préciput vont à l’équipe du porteur de projet ; 70% à l’établissement. A l’établissement pour sa politique de la recherche : le préciput permet des provisions, donc une souplesse budgétaire, c’est-à-dire la possibilité de provisionner des sommes. La politique ainsi défendue a un but  précis : composer avec la règle des non-reports et permettre à des projets d’envergure de se construire au-delà d’une annualisation forcée.
-    L’instauration de journées de la recherche (les « Transverses »), favorisant, dans une ouverture aux autres universités du site bordelais, une mise en commun des travaux, des objets de recherche, des méthodologies, des problématisations. Cette transversalité (plus qu’une pluri ou interdisciplinarité,) vise la mise en partenariat d’équipes et la définition de programmes qui identifient Bordeaux 3. L’enjeu n’est pas seulement d’améliorer une réputation, mais bien plus concrètement de pouvoir être sollicités par d’autres établissements dans le montage de projets.
-    La définition d’axes prioritaires  («environnement, nature, ville » et « mobilités, hybridations, identités plurielles»)  à vocation fédérative et la nomination d’animateurs de ces axes.  Ces axes issus de discussions en Conseil scientifique ont pu être perçus comme des définitions arbitraires d’une politique scientifique d’établissement, vécue elle-même comme une concurrence par rapport aux programmes des équipes. Aujourd’hui, ils peuvent être considérés comme ce qu’ils ont à être, et ce pour quoi ils ont été conçus : non pas des cadres qui figeraient des activités mais comme des supports à des rapprochements profitables, à des possibilités d’invention, à des logiques d’émergence. La thématique du genre, les questions liées à la ville et à l’environnement constituent des pistes de programmation. Il convient de souligner que ces axes n’ont jamais été construits pour réduire les marges de manœuvre des équipes, mais pour renforcer les capacités des unités de recherche. Les nouveaux liens tissés depuis la Direction de la recherche (où le Vice-président du conseil scientifique a quotidiennement été présent) avec les chercheurs et les enseignants-chercheurs, ont permis d’aller dans ce sens.
-    L’implication dans des pôles d’excellence dans le cadre du programme «Investissements d’Avenir ». L’excellence en archéologie s’illustre notamment au travers de l’interface entre les équipes AUSONIUS (Institut de Recherche sur l’Antiquité et le Moyen-Age) et IRAMAT (Institut de Recherche sur les Archéomatériaux) de l’université Bordeaux 3 et l’équipe PACEA de l’université Bordeaux 1, dans le laboratoire d’excellence « L’usage du monde par les sociétés anciennes : processus et formes d’appropriation de l’espace sur le temps long - LaScArBx », (LABEX). Par ailleurs, le projet « Digital Humanities » piloté par l’EA MICA (Médiations, Informations, Communication, Arts) associe des UMR des établissements du site bordelais avec pour objectif le développement d’outils numériques pour la recherche en sciences humaines et sociales, dans le cadre du projet d’Initiative d’Excellence (IDEX).
-    Un renforcement de l’Ecole Doctorale. L’école doctorale « Montaigne Humanités » dont la qualité, tant en termes de gouvernance que d’adossement scientifique, a été soulignée par l’AERES, favorise une interdisciplinarité aujourd’hui nécessaire pour la consolidation des connaissances disciplinaires des docteurs et pour favoriser leur entrée dans le monde du travail. En plus de formations proposée par cette Ecole, des soutiens ont été apportés aux initiatives des doctorants pour qu’ils soient eux-mêmes les organisateurs d’ateliers de recherche. L’Ecole Doctorale a notamment pour objectif le développement d’outils de communication et de promotion des doctorants (cf le projet qui sera mis en œuvre en 2012 d’une revue en ligne destinée aux doctorants).

Perspectives


1.    Perspectives générales


La future politique de la recherche s’appuiera sur le bilan précédent et cherchera à concilier trois logiques propres : le parcours individuel des chercheurs, la politique des équipes, le projet d’établissement. Chaque logique est particulière. Si les deux dernières ont été bien mises en avant, il restera à être attentif à la première. 1/ Le rôle d’un Conseil Scientifique est d’abord de prendre soin des chercheurs singuliers dont le parcours ne se confond pas avec la logique des équipes, y compris avec celle à laquelle ils appartiennent. Si l’université de Bordeaux3 bénéficie d’un potentiel d’équipes remarquable avec 13 unités sur 16 classées en A ou en A+, ce serait une erreur de considérer que le rôle d’un CS est seulement de veiller à un tel classement. Ce classement est essentiel et il témoigne de la vitalité de la recherche sur notre université mais il n’aurait aucune signification si nous ne prenions pas en compte dans le même temps les logiques singulières des chercheurs dont on sait que certains se retrouvent totalement isolés ou ne se retrouvent pas totalement en phase avec leur équipe. Ceci a un effet direct en termes de nombre de publiants dans notre université mais plus encore cela est préjudiciable à l’épanouissement d’une vie de chercheur. Il faut donc, premier niveau, être attentif aux chercheurs pour eux-mêmes. 2/ Il faut, deuxième niveau, consolider le déploiement des équipes de recherche, en veillant par des règles d’impartialité et d’objectivité, au bon déploiement des ressources financières dont les équipes doivent pouvoir disposer de manière pérenne pour pouvoir travailler sur le long terme. L’initiative créée par l’équipe présidentielle d’organiser mensuellement une réunion avec l’ensemble des directeurs d’équipe doit être reprise. Elle pourrait être amplifiée par la possibilité, si l’équipe le souhaite, que le VPCS s’invite une fois dans l’année à l’une des réunions du conseil d’équipe afin de se familiariser de l’intérieur avec la politique de la recherche menée par l’équipe en question. 3/ Il existe un troisième niveau de la recherche porté par l’université tout entière et ce troisième niveau a été bien mis en valeur dans l’ancien quadriennal sous la forme des journées Transverses. Il s’agit d’en reprendre le principe mais d’accepter de débattre sous une forme collective et participative du maintien des thématiques déjà travaillées et de la possibilité de donner plus d’ampleur au projet de recherche d’établissement, sous condition qu’il reparte de la base et non qu’il soit décidé par en haut. Ainsi, il faudra s’engager dès le début du mandat à assurer une discussion la plus ouverte et élargie possible sur les thématiques capables de rendre visible la politique de la recherche de notre établissement en veillant à ce que ces thématiques n’apparaissent ni comme extérieures aux recherches menées à Bordeaux3 (en quel cas elles seraient purement et simplement artificielles et sans vitalité), ni comme faisant concurrence aux recherches menées à Bordeaux3. Ces deux travers ont pu être évités jusqu’à présent. Il faut veiller à ce que ce soit toujours le cas à l’avenir.

2.    Propositions


1/ Renforcer le lien avec la politique éditoriale. Il faut engager une vaste réflexion sur la politique éditoriale de notre établissement. Ceci concerne essentiellement les PUB mais aussi la possibilité de partenariat avec d’autres éditeurs. Quelle politique du livre et quelle visibilité pour nos publications? Quelle politique des revues (sur papier, électroniques) voulons-nous continuer à engager ? Il s’agit également d’articuler plus étroitement la politique éditoriale avec la politique culturelle de notre établissement par la mise en place d’événements communs. Ce serait une erreur cependant de réduire la politique éditoriale de Bordeaux3 aux seules PUB. Si elles demeurent l’outil principal de cette politique, nos chercheurs publient dans beaucoup d’autres espaces éditoriaux et il importera de donner une plus grande visibilité à ces publications et de promouvoir des coopérations avec d’autres espaces éditoriaux, d’être attentif également par une discussion régulière et publique aux parutions significatives de nos collègues : les équipes pourraient faire remonter ces parutions afin qu’il y ait régulièrement débat.


2/ Créer une vitrine électronique de la recherche à Bordeaux3. Cet outil est indispensable et ce doit être une priorité absolue. Conformément au principe 4, cette vitrine est d’abord la vitrine des chercheurs : les pages individuelles des chercheurs doivent pouvoir être hébergées et accessibles facilement sur un tel site. Les pages collectives des équipes doivent figurer également, indiquant non seulement les annonces des colloques (ce qui est fait actuellement) mais mettant en ligne des articles, des enregistrements, etc. Le projet de recherche de l’établissement doit lui aussi figurer et donner lieu à un contenu que n’importe qui peut consulter à l’intérieur comme à l’extérieur de Bordeaux3.


3/ Rendre la recherche interne à Bordeaux3 plus visible à l’extérieur. Le contexte actuel (Pres/ Nub…), les réflexions sur le site bordelais ou aquitain (dans un contexte national, européen et international) rendent cette analyse nécessaire. Tout d’abord parce que certaines de nos équipes et non des moindres ont déjà un pied à l’extérieur grâce aux LABEX et IDEX. Loin d’en avoir honte, il faut au contraire que notre Université puisse en tirer mieux bénéfice et davantage crédit. Ceci concerne également les relations entre universités. Mais il faut voir les choses d’une manière plus élargie encore : il ne s’agit pas d’opposer ce qui se fait à l’intérieur et la publicité qu’on en donne à l’extérieur mais de faire connaître hors nos murs les problématisations/recherches/savoirs que nous produisons. Il existe une forte ignorance de la recherche menée à Bordeaux3 non seulement à Bordeaux mais au sein de la CUB. Il s’agira de renforcer les liens avec la région Aquitaine mais aussi avec la communauté urbaine de Bordeaux et la ville de Bordeaux en construisant des partenariats officiels avec les partenaires politiques mais aussi avec les grandes institutions culturelles de la région (Arc en Rêve, CAPC, Utopia, le Jean Eustache, le Rocher de Palmer, Librairies à titre d’exemples). Pour cela l’amplification de notre politique de recherche au sein de notre établissement est indispensable. Les journées Transverses, animées d’un véritable esprit de transversalité, pourraient être prolongées d’un ou de deux séminaires travaillant plus au quotidien et à l’année les thèmes qui se dégagent progressivement de ces axes ou qui font sens vers de nouveaux axes : une initiative dans ce sens, qu’il s’agit d’encourager, est en train d’émerger avec la création d’un atelier « Genre ». D’autres initiatives pourraient émerger. Un Institut du Monde Contemporain Bordeaux3 pourrait voir le jour à Bordeaux3 (en lien avec d’autres instituts du même genre dans le monde comme l’Institut Nexus aux Pays-Bas) qui regrouperait les Journées Transverses, les nouveaux séminaires en direction des chercheurs et pas seulement des doctorants : il aurait vocation à abriter tout ce qui se fait à Bordeaux3 sur le monde contemporain au sens très large (incluant des parcours historiques et archéologiques) et pourrait déboucher sur des événements internes à la fois scientifiques (les journées Transverses et les séminaires pourraient loger sous ce chapeau ) et festifs (pourquoi ne pas organiser une Nuit de la Pensée et des Savoirs comme un événement annuel de Bordeaux3 où la parole serait donnée aux chercheurs titulaires, aux doctorants et à quelques invités extérieurs) et aussi externes (un cycle de conférences de l’Institut du monde contemporain Bordeaux3 pourrait être envisagé). Il ne s’agira pas de prélever un budget supplémentaire naturellement sur les équipes actuelles mais de ventiler l’actuelle somme dévolue aux journées transverse en lui adjoignant par exemple une nuit de la pensée contemporaine.

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